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ADAPTATIONS
Cinéma, télévision, bandes-dessinées, jeux vidéos, jeux de société... le nombre d'adaptations différentes de Dune et leurs déclinaisons rappellent les plus grandes franchises d'univers imaginaires (Star Wars, Le Seigneur des Anneaux, Marvel, Game of Thrones, etc), et ce n'est peut-être que le début pour Dune.
Elles sont ici évoquées.
CINÉMA
Après plusieurs tentatives avortées d'adaptation de Dune au cinéma dans les années 1970 (Arthur P. Jacobs, Patrick McGoohan et Haskell Wexler entre 1971 et 1973), c'est Alejandro Jodorowsky, réalisateur chilien avant-gardiste, et Michel Seydoux, producteur français, qui dès 1975 reprennent le flambeau avec un projet fou d'adaptation hollywoodienne, un space-opéra surréaliste impliquant Orson Welles, David Carradine, Mick Jagger, Amanda Lear, Salvador Dali, Udo Kier, Charlotte Rampling (qui refusa, alors qu'elle figure dans le film de 2021) et Brontis Jodorowsky (le fils) en tant qu'acteurs ; pour la musique le groupe Pink Floyd avait accepté de composer la bande originale, et le groupe Magma le thème des Harkonnen ; pour le design des costumes et des décors : Jean Giraud (Mœbius), H.R. Giger et Christopher Cross ; aux dialogues le fameux Michel Demuth (traducteur officiel de Dune à l'époque), et aux effets spéciaux : Dan O'Bannon. Bref sur le papier, l'œuvre idéale !
Mais Jodorowsky voyait trop grand, et trop fantasque (le film délirant n'aurait pas respecté le roman, loin de là, et aurait duré 12 heures) et surtout trop cher. Hollywood refusa de financer le projet, ce qui l'obligea à y renoncer en 1976. Une production trop ambitieuse qui aura coûté 30 millions de francs. Le plus grand fiasco de l'histoire du cinéma !
Jodorowsky ne s'en est jamais remis et s'est plutôt consacré à la bande-dessinée en tant que scénariste en collaboration avec plusieurs auteurs, dont en priorité Mœbius, pour L'Incal.
Les quelque 3000 dessins de storyboard du projet Dune de ce dernier sont devenu un sujet de discorde entre les ayants-droits de Mœbius et Caméra-One, la société de production de Michel Seydoux, condamnée en 2019 à les restituer à Isabelle Giraud, la veuve de Mœbius.
Un film documentaire, Jodorowsky's Dune, est sorti sur le projet lui-même en 2013 au USA et en 2016 en France, réalisé par Frank Pavich. Il a finalement eu du succès sous cette forme, et même obtenu le grand prix du jury des Utopiales 2013.
C'est la famille De Laurentiis (le fameux producteur Dino et sa fille Raffaella), qui achète en 1979 les droits d'adaptation de Dune pour 2 millions de dollars, et qui recrute David Lynch pour ce qui deviendra le film Dune de 1984. Jusqu'en 2020, ce film a été la seule œuvre cinématographique de référence, et de nombreuses personnes en sont venues à la lecture des livres après l'avoir vu ; il tient donc une place centrale dans l'imaginaire et la visualisation pour beaucoup d'amateurs, pour qui par exemple Paul a toujours eu les traits de Kyle MacLachlan, et Feyd Rauta ceux de Sting.
Malgré un coût de plus de 45 millions de dollars, un casting prestigieux et même quelques conseils de Frank Herbert lui-même, le film final sera très loin de ce que voulait David Lynch, qui dut subir les exigences des De Laurentiis qui l'éloignaient de sa vision, et des cascades de complications lors du tournage au Mexique, entre tempêtes de sable destructrices, coupures de courant à répétitions, maladies dues à la pollution de Mexico et à des intoxications alimentaires, problèmes administratifs et saisies de matériels par les autorités mexicaines, démission du directeur des effets spéciaux, accidents sur le tournage, etc...
Son montage (director's cut) plut à Frank Herbert lui-même, mais pas aux De Laurentiis qui le trouvèrent trop long et détaillé et exigèrent des énormes coupes pour ne pas dépasser une durée de 2h15. Au final, Lynch reniera le résultat final, trop éloigné de sa vision, et refusera même que son nom soit crédité au générique lors des rediffusions du film. Même auprès du public et à fortiori commercialement, le film fut finalement un fiasco.
Quant au film de Villeneuve (2021 & 2024), nous en parlons dans la section ACTUALITÉ :
TÉLÉVISION
La mini-série Dune produite en 2000 pour la chaîne américaine Sci-fi Channel (devenue SyFy), réalisée par John Harrison, dure près de six heures, réparties en trois épisodes, avec notamment William Hurt, Alec Newman et Ian McNeice. Le fait de disposer de plus de temps dans une série que dans un film est un atout certain, et force est de constater que malgré ses défauts, ce programme colle plus au roman que le film de Lynch. Mais il y a un revers de médaille : la réalisation, les effets spéciaux (pourtant récompensés par un Emmy Award), les couleurs, les costumes, les décors, et même l'aplomb des acteurs ne sont pas des plus convaincants, c'est un peu plat, et on pourrait dire que ça a plus mal vieilli que le film de 1984.
Trois ans plus tard, sous la direction de Greg Yaitanes, une deuxième saison au même format présente les deux suites du premier volet, à savoir Le Messie de Dune, et Les Enfants de Dune, avec notamment Susan Sarandon et James McAvoy. La qualité est à peu de choses près semblable à la première saison.
À noter tout de même le beau rendu visuel des vers des sables.
Comme pour le film de Lynch, cette série couvrant la moitié du cycle de Dune permit à de nombreux spectateurs de s'intéresser aux livres.
Forte de son expérience du space-opéra, la chaîne produira à la même époque la série Battlestar Galactica.
En France la première saison de Dune fut diffusée en 2001 sur Canal+ et la seconde saison en 2004 sur TPS Cinestar, et sortit même en coffret DVD (avec une demi-heure de montage supplémentaire).
Notons qu'il est prévu bientôt une série sur le Bene Gesserit :
Dune : Prophecy (d'abord annoncée sous le titre Sisterhood), une préquelle qui s'intéresse aux début du Bene Gesserit,
dont nous parlerons ici bien sûr !
BANDE-DESSINÉE
Dune a été adapté en bande-dessinée en 1984 en même temps que le film de David Lynch, ce fut en fait une adaptation (plus ou moins abrégée) du film lui-même, et les personnages y sont à l'image des acteurs. Une initiative des producteurs Dino et Raffaella De Laurentiis certainement dans l'ambition d'en faire une licence étendue, à l'image de Star Wars.
La publication a été confiée à Marvel Comics aux Etats Unis (qui dès les années 1970 avaient pourtant sollicité Frank Herbert pour le faire, mais celui-ci avait refusé) avec la mention "Dune : The Official Comic Book", sous forme de roman graphique, labellisé conjointement avec Berkley Books (maison d'édition d'Herbert) en format livre de poche, puis par Marvel Comics, en grand format, une première fois dans leur collection Marvel Comics Super Special (n°36) en avril 1985 et une seconde fois en trois numéros avec de nouvelles couvertures entre avril et juin 1985.
Une réalisation du scénariste Ralph Macchio et du dessinateur Bill Sienkiewicz (qui a d'ailleurs illustré récemment la couverture de la nouvelle BD).
Une traduction française est parue en 1985 chez Carrère-Michel Laffon, un album avec la photo de Sting en couverture, en comptant (en vain) sur le succès du film de Lynch.
La seconde adaptation de Dune en BD est donc celle sortie en 2021 et chapeautée par Brian Herbert et Kevin J. Anderson, dont vous trouverez la chronique en section ACTUALITÉ.
Et dont voici quelques planches :
Brian Herbert et Kevin J. Anderson, qui depuis plus de 20 ans s'efforcent de se faire une place dans le Dunivers avec leurs publications préquelles, séquelles et interquelles et avec, diront les mauvaises langues, la piètre qualité qu'on leur connaît, gèrent lucrativement les droits de tout ce qui concerne Dune. Ils ont certes initié l'adaptation en BD du roman d'origine par Frank Herbert parue en 2021, mais n'ont pas résisté à la tentation d'en proposer une également de leur propre œuvre, à commencer par leur premier livre, La Maison des Atréides, paru en 1999 (et 2000 en France). Une BD en 12 volumes, dont la parution commencée en 2020 par Boom! Studios est actuellement en cours. Les dessins sont plus sophistiqués et spectaculaires que ceux de la BD de Dune, assurés par le génial dessinateur indien Devmalya Pramanik, avec une contribution pour chaque couverture d'un artiste reconnu (Jae Lee pour les deux premiers numéros). BD non traduite en français.
À notre avis, ce nombre de volumes et cette qualité de dessin auraient mieux profité au DUNE original par Frank Herbert, mais ne polémiquons pas plus...
Ci-dessous quelques exemples d'illustrations pour cette série :
JEUX-VIDÉO
Contrairement au cinéma, le jeu-vidéo a plutôt été un havre fécond pour les adaptations de Dune. Le jeu de stratégie en temps réel fut le support idéal des développeurs pour restituer les enjeux du commerce de l’épice sur Arrakis, et certains des studios les plus célèbres des années 1990/2000 s'en sont mêlés.
DUNE (1992) de Cryo Interactive :
Ce jeu a beau avoir trente ans, avoir mal vieilli, et être trop linéaire, il reste le plus "culte" de tous, non seulement parce que c'est le premier, et de nombreux lecteurs de Dune viennent de là, mais aussi parce qu'il reprend l'esthétique du film de Lynch, à l'instar de la BD de Marvel Comics, avec à nouveau Kyle MCLachlan en Paul Atréides.
Le jeu proposait d'incarner Paul lorsqu'il rejoint les Fremens et découvre l'épice, en plein conflit contre les Harkonnen.
DUNE II La Bataille d'Arrakis (1992) de Virgin Interactive :
En V.O. The Building of a Dynasty, ce jeu est considéré comme meilleur que celui de Cryo, notamment grâce au fait qu'il fut le tout premier jeu en RTS (Real Time Strategy) à marquer les esprits. Conçu par Westwood Studios, ces derniers feront 6 ans après un remake nommé :
DUNE 2000 (1998) de Westwood Studios & Intelligent Games : un remake qui apportera de nouveaux éléments narratifs dans le mode campagne, de nouvelles factions et une jolie 3D isométrique, avec une plus grande fidélité aux romans de Frank Herbert.
EMPEREUR : LA BATAILLE POUR DUNE (2001) de Westwood Studios :
Chronologiquement, le titre prend place juste après les événements de Dune 2000, et dépasse donc les évènements de la fin du premier roman. Westwood Studios conservent tous les éléments qui ont fait le succès de Dune II et Dune 2000 : avec des Full Motion Vidéos (ou cinématiques) qui font avancer la narration, de la stratégie en temps réel, et différentes maisons (Atréides, Harkonnen, Ordos, et autres maisons mineures) qui permettent de faire varier le gameplay et les approches plus ou moins stratégiques. On retiendra la rehausse graphique du titre comparé à ses prédécesseurs plutôt bienvenue.
FRANK HERBERT'S DUNE (2001) de Cryo Interactive
Premier jeu de la licence à arriver sur consoles (PlayStation 2) en plus de sortir sur PC, le titre de Cryo change la formule déjà bien rodée du RTS pour prendre le pari du jeu d’action-aventure à la troisième personne. On y incarne Paul Atréides, cherchant à renverser le tyran Vladimir Harkonnen.
Mais le jeu est tout ce que Cryo Interactive savait faire de pire : animations atroces, designs des personnages bâclés, gameplay catastrophique… Pire encore : le titre réussit l’exploit de produire une histoire totalement incompréhensible. Cryo a trop été gourmand en croyant se reposer sur les lauriers de son succès.
DUNE WARS MOD REVIVAL (2009) de Firaxis Games :
Plus récent que les précédents et donc plus agréable à jouer. Mais attention ce n'est pas un jeu natif mais un mod, basé sur le jeu Civilization IV: Beyond the Sword, il en conserve donc les bases et ne réinvente rien, mais agrémente le jeu des maisons, personnages et religions issus de la base de la saga de Dune. Le mod a reçu une mise à jour en 2015, avec une sérieuse amélioration graphique, et une optimisation pour des PC plus modernes.
On notera qu’un patch pour Dune Wars Revival basé sur le film de Denis Villeneuve est disponible depuis septembre 2021.
DUNE : AWAKENING (2024) de Funcom
Un MMO de survie assez réaliste, inspiré directement niveau graphique par l'adaptation au cinéma de Villeneuve, porté par Unreal Engine 5, et avec la bénédiction de Legendary Pictures.
Pour PC (Windows) PS5 et XBox Series.
Le principe : les joueurs se trouvent dans l'univers de Dune, mais sans Paul Atréides. Donc tous les évènements bouleversant ce petit monde dans l'œuvre originale n'ont pas lieu, et à la place il y a l'exploitation de l'épice, les jeux de pouvoir, l'influence du Bene Gesserit, le conflit entre les Atréides et les Harkonnens, etc, comme une norme, dans laquelle il va falloir évoluer.
Le joueur choisira sa planète d'origine : Kaitain (de l'Empire Corrino), Geidi Prime (Harkonnen), Caladan (Atréides), Chusuk (une planète du système Téta Shalish), ou la Maison Ix. Ces choix devraient offrir des traits ou talents spécifiques. Il faut passer le test du Gom Jabbar, et on se retrouve jeté à la surface d'Arrakis, et le jeu de survie commence vraiment.
Un large éventail d'équipement, mais aussi de lieux, de situations font de ce jeu une ressource extrêmement riche et complexe.
JEUX DE SOCIÉTÉ
Quand il est sorti en 1979 chez Avalon Hill Game Company, ce jeu de plateau s’appelait initialement Frank Herbert’s DUNE, créé par Bill Eberle, Jack Kittredge et Peter Olotka.
Les joueurs y incarnent les personnages emblématiques du premier roman, notamment Paul Atreides, le baron Vladimir Harkonnen et l'empereur Shaddam IV. Leurs unités se déplacent sur le champ de bataille et s'y affrontent pour le contrôle de l'épice. Les alliances sont encouragées et traitées à chaque tour. La corruption est également encouragée. De plus, chaque fois qu’une bataille a lieu, on parie en secret le nombre d’unités qu’on veut engager. Selon les paris, à la fin du combat, toutes les unités misées sont perdues.
Déjà à sa sortie, ce jeu de plateau était considéré comme un classique, un jeu culte.
Ce jeu a été réédité 40 ans après, en 2019 sous le nom de DUNE tout simplement, "jeu de conquête de diplomatie et de trahison", par Gale Force Nine, fort de son partenariat avec les ayants-droits d'Herbert, dans une nouvelle version dont le design a été nettement amélioré mais les règles pratiquement inchangées.
Édité en 1993 par Jeux Descartes le jeu DUNE se joue à 3 à 6 joueurs qui s'affrontent, chacun dirigeant une faction désirant contrôler la planète Arrakis et ainsi maîtriser le commerce de l'épice. Sur le plateau de jeu est représentée la surface de la planète. Quelques zones possèdent des citadelles, et pour gagner la partie il faut s'emparer de trois d'entre elles, et les joueurs disposent de pouvoirs particuliers, de troupes et de héros qui vont s'affronter sur le terrain de façon stratégique, donc martiale mais aussi financière. Parfois des vers des sables apparaissent et déciment des troupes. Les combats se gèrent grâce à des cartes achetées aux enchères. Plusieurs joueurs peuvent s'associer. Les règles sont tout de même assez complexes et ce jeu est plutôt réservé à des joueurs possédant une expérience des jeux de plateau.
L’édition française fournit également deux extensions qui étaient vendues séparément aux USA. L’utilisation de ces extensions n’est pas obligatoire et enrichit les parties au fur et à mesure des connaissances du jeu de base.
À noter de très belles illustrations signées Olivier Vatine, Fabrice Lamy et Christophe Peulvast.
DUNE: IMPERIUM, édité par Dire Wolf, créé par Justin Cohen, est le tout dernier jeu de stratégie, sorti en 2020, tiré du roman de Frank Herbert, mais qui revendique également l'inspiration du film de Villeneuve ; actualité et notoriété obligent...
Ce jeu de plateau combine le deck-building (jeu de construction de paquet de cartes) et le placement d'ouvriers (de pions).
Le deck-building permet d'ajouter une mécanique astucieuse d’informations cachées au traditionnel placement d’ouvriers. On va d'abord commencer avec une carte de leader, et un deck identique pour tous les joueurs. Alors qu'il acquiert de nouvelles cartes et façonne son deck, les choix de chaque joueur définiront ses forces et ses faiblesses. Ces cartes lui permettent d’envoyer ses agents sur les différents lieux du plateau de jeu, la stratégie est donc affectée par l’évolution même du deck.
Chaque joueur peut ainsi devenir une puissance militaire capable de déployer plus de troupes que ses adversaires, ou il peut acquérir des cartes ouvrant les portes des quatre factions politiques représentées dans le jeu : l’Empereur, la Guilde Spatiale, l’Ordre du Bene Gesserit et bien sûr, les Fremens.
Signalons la sortie six mois après d'une extension du jeu titrée "RISE OF IX", ainsi qu'un nouveau mode alternatif : BLITZ!.
De plus, une nouvelle version sort via un pack de mise à niveau intitulée DUNE: IMPERIUM DELUXE. Ces nouvelles versions comportent du matériel additionnel et augmentent le niveau requis de compétences.